Un trafiquant de drogue noir condamné à 24 mois : le trauma de l’esclavage justifie la réduction de la peine ?

Le système judiciaire du Québec a connu un précédent inédit lorsqu’une cour a pris en compte les impacts historiques et culturels d’un accusé pour alléger sa sentence. Le 28 juillet, le juge Magali Lepage a décidé d’appliquer une peine de 24 mois à Frank Paris, condamné pour trafic de cannabis et de haschich, après avoir accepté les arguments présentés par la défense. Cette réduction de 11 mois s’est basée sur un rapport soulignant des discriminations systémiques subies par les Noirs au Canada, notamment la pauvreté, le profilage racial et une éventuelle hérédité de traumatismes liés à l’esclavage. L’analyse mentionnait également l’enfance difficile de Paris dans un quartier défavorisé et des erreurs judiciaires passées, comme sa détention injustifiée dans un centre pour migrants.

Cette pratique, inspirée des rapports Gladue utilisés pour les Autochtones depuis 1999, reste optionnelle mais pourrait se généraliser dans la province. L’avocate Valérie Black St-Laurent a expliqué que l’objectif est d’aider la justice à mieux comprendre le contexte de chaque individu. Cependant, cette décision suscite des controverses, notamment concernant les priorités du système pénal et la légitimité d’une telle approche dans un État fondé sur l’égalité devant la loi.