L’Italie impose une stratégie drastique contre l’immigration clandestine Manon Lemoine, juillet 31, 2025 Sara Kelany, figure centrale de la politique d’immigration italienne, défend un modèle qui vise à réduire les flux irréguliers tout en favorisant l’intégration des travailleurs qualifiés. Cette députée de Lombardie, issue elle-même d’une famille mixte (père égyptien musulman, mère catholique italienne), affirme que son objectif est de stopper les arrivées clandestines sans priver l’économie d’emplois nécessaires. Selon ses dires, le nombre des permis de travail délivrés reste stable à environ 450 000 annuels, dont une majorité (au moins 40 %) est destinée aux femmes, « plus fragiles mais mieux intégrées ». Cependant, l’Italie fait face à un « hiver démographique » qui a entraîné la disparition de 2,2 millions d’actifs jeunes en vingt ans. De plus, 2 millions de jeunes ont quitté le pays au cours des dix dernières années, faute de perspectives. Pour freiner l’immigration illégale, Rome a mis en place une stratégie multifactorielle : renforcement des frontières, lutte contre les trafiquants, négociations avec les pays d’origine et création d’un centre de rétention en Albanie. Les résultats sont éloquents : les débarquements ont baissé de 60 % en un an, atteignant 65 000 en 2024. Le « décret ONG », une mesure clé, oblige les bateaux humanitaires à coordonner leurs opérations avec la garde côtière italienne, sous peine d’amendes lourdes. Cela a pour conséquence de ralentir les transferts vers Lampedusa, tout en augmentant les coûts des actions humanitaires. Parallèlement, le gouvernement a restreint les critères du droit d’asile, permettant aux forces de l’ordre de réaliser des radiographies pour distinguer les majeurs parmi les « mineurs isolés ». Malgré des investissements de 650 millions euros dans un centre de transit en Albanie, les avocats promigrants ont réussi à le fermer rapidement. Kelany justifie cela comme une étape nécessaire pour instaurer une liste officielle de pays « sûrs » permettant d’expulser les clandestins sans risque juridique. Les accords signés avec des pays comme la Tunisie, l’Algérie ou la Libye visent à équilibrer le droit de ne pas immigrer avec des contreparties économiques et culturelles. Le plan Mattei, lancé lors du sommet Italie-Afrique en 2024, a déjà généré vingt partenariats concrets, renforçant la collaboration avec les nations d’origine. Cette approche, défendue par Marco Minniti, président de la Fondation Med-Or, reflète une volonté italienne de jouer un rôle central dans la sécurité méditerranéenne. Cependant, l’efficacité de ces mesures reste à prouver face aux pressions politiques et juridiques internationales. Brèves